La fumure

Il y a des sujets qui ne sont pas toujours faciles à aborder tant il y a des informations et leurs contraires, je vais vous partager mes expériences, mes sentiments pour ce genre de choix. C'est une réflexion active en moi mais non encore aboutie.

En tout cas, tout ce qui vient du vivant doit retourner à la terre, et il n'y a que le vivant pour nourrir le vivant, on fait comme on peut, avec ce que l'on a, mais toute matière organique amenée, transforme doucement la vie du sol.

Quand ?

Comme toujours, il nous faut regarder le grand livre de la Nature et que voit-on ? Toute la nature est organisée pour permettre à la terre d'assimiler la matière organique l'hiver. Les feuilles tombent sur le sol l'automne et, durant tout l'hiver, la terre va assimiler doucement cette matière.

Dans l'idéal, on va chercher à faire la même chose, on va apporter notre matière l'automne, lorsque les feuilles commencent à tomber. On va faire comme un surfaçage, c'est à dire qu'on va étaler un peu notre matière sur le sol. Selon les régions, pour éviter que le soleil ne brûle cette matière vivante, on peut l'incorporer un peu à la terre avec une binette, motoculteur, disques etc.

Eric Petiot, qui fait pas mal de recherche sur la santé des plantes, dit que lorsqu'on apporte de la matière organique quand les températures sont inférieures à 12°C (l'hiver en fait...) la plante va l'utiliser pour se structurer, devenir plus solide et lorsqu'on l'apporte quand il fait plus de 12°C (on pourrait aussi dire au printemps...), elle l'utilise pour la croissance, elle se gonfle et étire ses cellules pour grandir plus vite, mais elle est du coup plus fragile aux pucerons, champignons etc.

Quoi ?

Encore une fois, les différents avis sont nombreux, de mon point du vue, tout ce qui d'origine organique est bon pour la terre (en faisant un peu attention à ce rapport carbone/azote).

Les engrais chimique : ils sont à proscrire, ils finissent par détruire la vie du sol et le minéraliser. En fait l'idée serait, plutôt que chercher à nourrir la plante, on va chercher à créer un environnement vivant autour de la plante, à avoir un sol vivant autour des racines.

On va donc travailler surtout sur le sol, et dans le sol, c'est essentiellement les premiers centimètres qui sont les plus vivants, donc, c'est ceux là que nous allons chercher à stimuler.

Les fumiers frais : ils sont presque tous bons, on travaille toujours en surfaçage l'automne à raison d'un à 2 seaux par arbres. Attention ceux de volaille peuvent être 10 fois plus puissant que ceux de bovins par exemple, à utiliser avec parcimonie.

Le compost : C'est une matière transformée, facilement assimilable, elle peut également être utilisée au printemps car elle contient moins d'azote (croissance).

Je mets toutefois des réserves sur le compost, on en parle beaucoup, mais je me pose la question de ce qu'il représente d'un point de vue naturelle. On fait souvent un gros tas, que la nature ne fait jamais, cela induit une chauffe qui brûle une partie de la vie à l'intérieur pour obtenir assez rapidement un produit abouti qu'on peut apporter aux cultures. Mais dans la nature, les processus sont lents, je pense que l'on perds beaucoup par cette voie et invite plutôt à utiliser le surfaçage de matières non compostées à l'automne.

Les matières végétales (mulch et autres...) : Leur action est moins immédiatement visible, les apports d'origine animal ont vraiment une action "coup de fouet" mais il semble presque ne rien rester dans la terre d'une année sur l'autre, avec le végétal, l'action sera plus douce, mais j'ai sentiment qu'elle sera aussi plus durable. On voit souvent la terre plus noire là où les champs sont bordés d'arbres. De plus, dans la nature, la charge animale naturelle est assez faible, si on voulait s'inspirer de ce modèle qu'est la nature, nous utiliserions une grande quantité de matière végétal et de petites quantités de matières animales suffiraient.

Les déchets organiques ménagers :  ils sont souvent très azotés, mais c'est un excellent complément au mulch, vous pouvez en glisser sous le mulch partout où vous voulez soutenir la croissance de vos plantes

 

Mais encore...

Les bactéries :

Elles sont le support de toute vie, de nombreuses personnes commencent à travailler dessus pour voir comment stimuler leur présence. C'est elle qui stimuleront la vie sur les racines, permettront de digérer la matière organique etc.

Vous pourrez trouver des informations en cherchant avec les mots clés "EM", compost Bokashi.

Je vous invite à vous méfiez des compositions commerciales même si ça peut être efficace, il est toujours préférable de travailler avec la flore microbienne propre à notre lieu ou ses environs. Il est aussi possible de démarrer ce genre de compost avec de la litière forestière partiellement décomposée.

 

Les champignons, les mycorhize:

Encore méconnu mais également en plein développement, la recherche sur les mycorhize (association symbiotique des plantes avec les champignons) semble devenir une voie incontournable du travail agricole de demain.

Là encore, on peut trouver de nombreuses préparations commerciales qui auront leur efficacité, ce sera un plus, mais on peut chercher à instaurer durablement cet aspect en laissant de grands arbres présents dans les cultures (ils portent de nombreux champignons différents) qu'ils "partagent" avec les plantes alentours.

Le bouleau est arbre particulièrement dynamique qui aime partager sa flore avec les autres. Les plantes deviennent alors interconnectées par leur racines et s'aident mutuellement. Chez les végétaux, on pourrait comparer cette spécificité à un cerveau avec ses multiples connexions. Les plantes "pensent" avec leur racines.

Pour stimuler l'apparition de mycorhizes, on peut également apporter de la litière de forêt partiellement décomposée dans les trous de plantation.

 

La biodynamie :

La biodynamie est une approche spirituelle de l'agriculture (comme tout ce qu'à apporter son fondateur Rudolph Steiner). Il considère le lieu comme un être vivant à part entière, il appelle cela un organisme agricole. On peut considérer alors que cet être vivant a des organes, certains peuvent être visibles, d'autres seraient plus de nature invisible. Il a proposé une série de préparations qui permettent d'équilibrer ces organes, là où il y a des excès, cela peut permettre de décompenser, là où il y a des manques, cela peut permettre de remplir.

Avec la biodynamie, on essaie d'avoir un système de plus en plus complexe, on va chercher à intégrer l'animal comme complément naturelle d'une production végétale et de créer des cycles ou les uns alimentent les autres créant ainsi des spirales vertueuses écologiques.

Ce n'est pas la quantité qui fera la fertilité, ce sont ces fameuses préparations qui s'inscrivent dans les cycles des productions de la ferme qui le font. Ceci étant profondément lié au fait  de chercher un système autonome où l'on a presque plus besoin d'intrants.

Vous pouvez trouver plus d'infos sur le site du MABD (Mouvement de l'Agriculture BioDynamique)

 

Quelle quantité ?

Ce n'est pas la quantité qui fait la qualité, les approches sont multiples et vous trouverez votre voie avec tout ça en fonction des matériaux que vous pourrez trouvez. Privilégiez toutefois la qualité à chaque fois que cela est possible.

Il est possible de faire des apports importants sur un sol bloqué au départ pour le réactiver mais il est intéressant d'essayer de jouer avec ses propres productions ensuite pour entretenir la fertilité.

Quelques chiffres:

Pour un hectare, on peut apporter 5 à 8 tonnes de fumier de bovin composté par an à l'automne.

Pour un jeune arbre, on peut apporter 20 litres de compost par an à l'automne.

Pour mulcher un arbre, prévoyez au moins un cercle d'un mètre de diamètre (2 m est encore mieux) avec au moins 20cm d'épaisseur.

Apport de compost ménager frais sous un mulch : essayez de ne pas faire plus de 10L et cela maximum 2 fois par an.

 

Encore une fois, tout cela n'est qu'indications pour commencer, le plus important étant de vous écoutez, c'est vous qui "sentirez" le mieux votre terre et les besoins de vos plantes